Anacharsis - vu de l'extérieur

Anacharsis - vu de l'extérieur

Toutes les émissions avec des auteurs et autrices publiés chez Anacharsis

Éditions Anacharsis

Vous trouverez ici le flux des émissions de radio, podcasts indépendants ou conférences enregistrées avec nos auteurs et autrices. Nous publions des ouvrages qui rendent compte des rencontres entre cultures dans quatre collections : "Essais", "Fictions", "Famagouste" et "Les ethnographiques". Il peut s’agir de textes écrits au fil du temps, de récits de voyages – authentiques ou étranges –, de témoignages, mais aussi d’essais dont le dénominateur commun est de mettre le lecteur en présence d’un questionnement sur l’altérité.

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Harems et Sultans - Jocelyne Dakhlia (Librairie Mollat et Emmanuel Laurentin)

Sitôt prononcé le mot « harem », surgissent des images de femmes lascives, cloîtrées dans la pénombre en attente du bon vouloir du prince. C’est aussi l’expression exemplaire du gouvernement de sultans réputés exercer leur pouvoir sous l’emprise de pulsions quasi pathologiques. Ces poncifs, que l’on pourrait croire éculés, entrent aujourd’hui encore en résonance avec la conception d’un monde islamique figé et politiquement inepte, fatalement voué au despotisme et à l’oppression des femmes.

Jocelyne Dakhlia entreprend dans cet ouvrage une archéologie de ces motifs à partir de l’histoire du Maroc, de la fin du Moyen Âge au XXe siècle. Il s’agit ici de mobiliser à nouveaux frais l’ensemble de la documentation disponible, tant picturale que textuelle, afin de procéder à une histoire fine du genre et du politique en Islam, de remettre en mouvement des logiques historiques là où l’historiographie se faisait plus sommairement culturaliste.

Entrevue avec Emmanuel Laurentin pour la librairie Mollat, également disponible en vidéo

Jocelyne Dakhlia, Harems et Sultans. Genre et despotisme au Maroc et ailleurs, XIVe-XXe siècle
Harems et Sultans

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Harems et Sultans - Jocelyne Dakhlia (Agora des savoirs / radio Divergence)

Jocelyne Dakhlia, Harems et Sultans. Genre et despotisme au Maroc et ailleurs, XIVe-XXe siècle
Harems et Sultans

Une histoire nouée ?

Depuis le XVIIe siècle, au moins, l’Europe s’emploie à définir l’Orient comme son envers, les sociétés du monde islamique renvoyant communément l’image de sociétés bloquées, doublement verrouillées. Deux termes clés, indissociables au fond, résument historiquement cette forme d’inaptitude apparente à la modernité : le Despotisme et le Harem.

Ils recouvrent à la fois le grand partage qui ravale les femmes à la sphère privée, domestique, réservant aux hommes l’actorialité politique, et l’idée d’une oppression généralisée, où les femmes seraient doublement victimes, victimes à la fois d’un despotisme privé et de l’« assujettissement » général. Ce livre dévoile au contraire, de part et d’autre de la Méditerranée et au-delà, la trame dense des interactions locales entre les sociétés, interactions concrètes, pacifiques ou violentes, mais toujours productrices de « sens commun ». Jocelyne Dakhlia analyse un « Orient » paradoxal, car il s’agit d’un « Orient d’Occident ». Elle prend toute la mesure de la dépréciation politique du Maghreb par l’Europe, d’autant qu’il avait partie liée avec son « africanité », et une définition largement raciale. Ainsi, le fait politique, derrière le couvert despotique, apparaissait toujours éminemment instable et précaire ; la condition féminine, à l’inverse, n’était décrite que comme sédentaire et figée, statique en un mot. Trop de mouvement d’une part et trop de fixisme d’autre part.

Sur cette double base, une surdétermination négative par le politique et par le harem, le livre entend donc remettre à plat toute l’histoire politique de la région au critère de l’action politique et publique des femmes. Il observe et décrit par une chaîne d’exemples les implications féminines dans les dynamiques politiques, à tous niveaux, depuis la politique locale jusqu’au sommet de l’État.

Biographie
Historienne franco-tunisienne, Jocelyne DAKHLIA est directrice de recherche émérite de l’École des Hautes études en sciences sociales. Spécialiste de l’histoire politique du Maghreb et plus largement de la Méditerranée.

Conférence prononcée à l'Agora des Savoirs à Montpellier
Diffusion en direct sur radio Divergence mercredi 11 décembre 2024 – 19h00

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Le Siège de Paris par les vikings - Le Cours de l'histoire (France Culture)

À partir de novembre 885, Paris est assiégé pour la quatrième fois par les vikings. Le siège survient dans un contexte d’intensification des raids venus du nord et d’affaiblissement du pouvoir royal dans l’Empire carolingien.
Avec

Avec Bruno Dumézil Professeur d’histoire médiévale à Sorbonne Université et à l’École polytechnique et auteur de la préface au texte d'Abbon traduit par Enimie Rouquette : Le Siège de Paris par les vikings.

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Au 9e siècle, les vikings ont assiégé Paris… et pas qu’une fois. Ah bon ? Oui, c’est Abbon qui raconte cela, Abbon de Saint-Germain-des-Prés, un moine qui dit avoir assisté aux événements. Abbon surnommé le Courbé. Mais plus que les autres, c’est le siège Paris de 885 qui est resté dans les mémoires. Il a duré longtemps, avec la crainte qu’à cause des vikings, il n'y ait plus d'après à Saint-Germain-des-Prés.

Le Cours de l'histoire,Siège de Paris, les vikings entrent en Seine : une émission présentée par Xavier Mauduit sur France Culture : Le Cours de l'histoire

Références sonores

Archives et extraits de film :

Régis Boyer, professeur de langues, littératures et civilisation scandinaves à la Sorbonne, France Inter, 2 septembre 2003
Lucien Musset, historien des vikings et de la Normandie, France Culture, 3 décembre 1980
Pierre Miquel, historien, dans l'émission Les histoires de France, France Inter, 6 juin 1980
Extraits de la série Vikings, créée par Michael Hirst, saison 3, 2015

Lectures par Daniel Kenigsberg :

Extraits de Abbon de Saint-Germain, Siège de Paris par les Vikings, Livre I, vers 897

Musique :

"Trøllabundin" par Eivør, 2004
Générique : "Gendèr" par Makoto San, 2020

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À creux perdu - Mauvais genres (France Culture)

Dans ce grand temple du fantastique médical qu'est le musée de l'École Vétérinaire de Maisons-Alfort, la figure mythique d'Eugène Petitcolin, le préparateur anatomique (1855-1928), règne en maître.

Vosgien d'origine, on doit à cette autodidacte plusieurs centaines de moulages anatomiques exécutés à la demande des mandarins de l'école d'Alfort, à la fois objet scientifique et création artistique qui, à défaut d'enseigner, aujourd'hui suscite rêve et cauchemar.

De la vie mal connue de Petitcolin, le romancier Franck Manuel a tiré, avec À creux perdu, une extraordinaire fiction, à la fois roman historique et conte fantastique : quand Hector Malot fait la route avec Edgar Poe !

À creux perdu

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La Cité des choses - Le Cours de l'histoire (France Culture)

Qu’est-ce qu’une barque à Antibes, un coffre à Alger, des terres collectives à Naples ou un mulet abandonné en Espagne disent de la citoyenneté ? L'ouvrage "La Cité des choses" observe les actions de la vie quotidienne et l'histoire de la protection des biens et des personnes pour y répondre.
Avec :
Simona Cerutti Historienne moderniste, directrice d'études à l'EHESS
Thomas Glesener Historien des mondes hispaniques, maître de conférences en histoire moderne à Aix-Marseille Université

La Cité des choses

La Cité des choses. Une nouvelle histoire de la citoyenneté, voici un titre d’ouvrage bien intriguant. Il n’est pas courant que des esclaves affranchis de l’Antiquité côtoient des artisans migrants du siècle des Lumières, qu’une barque à Antibes se trouve face à un coffre à Alger, ou qu’un hôtel à Turin rencontre un mulet abandonné en Espagne. La Cité des choses. Une nouvelle histoire de la citoyenneté : quelles sont ces "choses" et que signifie "citoyenneté" ?

Une autre définition de la citoyenneté

Les auteurs et autrices de La Cité des choses proposent une définition de la citoyenneté qui s'éloigne de la seule conception institutionnelle de ce statut social : "La citoyenneté, dans cet ouvrage, ne correspond pas à un document, à un titre officiellement délivré par une autorité centrale", explique l'historienne Simona Cerutti, directrice avec Thomas Glesener et Isabelle Grangaud de La Cité des choses. "La citoyenneté correspond plutôt au droit de prendre part aux ressources locales. Nous avons utilisé la métaphore du banquet : (le droit) de s'asseoir autour d'une table dans laquelle des ressources de la cité – l'instruction, la santé, le mariage – sont distribuées."

D'autres modèles de citoyenneté

À partir de l'espace méditerranéen, l'ouvrage propose de repenser l’histoire de la citoyenneté en s’affranchissant des seuls modèles politiques occidentaux. "La Méditerranée est un haut lieu d'une histoire traditionnelle de la citoyenneté – des cités de l'Antiquité grecque à l'ère des révolutions en passant par les cités italiennes médiévales. Nous, nous explorons une Méditerranée qui est restée dans l'ombre", avance l'historien Thomas Glesener. "L'histoire classique de la citoyenneté associe cette question à la participation, à l'accès au droit politique, qui passe souvent par le droit de vote. Nous, nous cherchons la citoyenneté dans des actions qui ne sont a priori pas identifiées comme politiques, mais dont nous nous efforçons de montrer leurs dimensions politiques."

Suivre les choses pour trouver de la citoyenneté

De part et d'autre de la Méditerranée, les chercheuses et chercheurs de La Cité des choses enquêtent sur les sociétés du 16e au 21e siècle à partir de ce que leurs sources révèlent de la gestion des "choses" (objets, immeubles, terres, héritages, dettes…). "Ce sont des biens qui ne se réduisent pas à des objets de transaction ou d'appropriation, mais qui prennent de la valeur parce qu'ils sont partagés et qu'ils doivent être protégés", précise Simona Cerutti. Leurs études mettent en lumière l'importance de l'inscription dans une chaîne de succession, dont la trace se suit dans les "choses", pour reconnaître à une personne son statut de citoyen.

En démontrant une continuité entre choses et personnes, les autrices et auteurs entendent démontrer la capacité des choses à construire et transformer des statuts sociaux. La Cité des choses invite, à travers l’histoire, à concevoir la citoyenneté comme un processus résultant d’interactions et d’actions de la vie quotidienne qui participent à la construction des hiérarchies et des statuts politiques.

Simona Cerutti, historienne, directrice d'études à l'EHESS
Thomas Glesener, maître de conférences en histoire moderne à Aix-Marseille Université, historien des mondes hispaniques

Bibliographie :

La Cité des choses. Une nouvelle histoire de la citoyenneté, co-dir. Simona Cerutti, Thomas Glesener, Isabelle Grangaud, Anacharsis, 2024

Références sonores

Archive de Fernand Braudel dans l'émission Enquêtes et commentaires, France Culture, 25 novembre 1967
Archive sur les archives de Simancas à Valladolid en Espagne, Mediterraneo, France 3, 22 avril 2000
Extrait du film Les Trois Frères des Inconnus, réalisé par Didier Bourdon et Bernard Campan, sorti en 1995
Chanson Aragon et Castille par Boby Lapointe, 1960
Chanson La Goualante du pauvre Jean par Édith Piaf, 1954
Chanson La Faute à Voltaire par Rose Laurens, interprète du rôle de Gavroche dans la comédie musicale Les Misérables d'après Victor Hugo
Musique du générique : Gendèr par Makoto San, 2020