Anacharsis - vu de l'extérieur

Anacharsis - vu de l'extérieur

Toutes les émissions avec des auteurs et autrices publiés chez Anacharsis

Éditions Anacharsis

Vous trouverez ici le flux des émissions de radio, podcasts indépendants ou conférences enregistrées avec nos auteurs et autrices. Nous publions des ouvrages qui rendent compte des rencontres entre cultures dans quatre collections : "Essais", "Fictions", "Famagouste" et "Les ethnographiques". Il peut s’agir de textes écrits au fil du temps, de récits de voyages – authentiques ou étranges –, de témoignages, mais aussi d’essais dont le dénominateur commun est de mettre le lecteur en présence d’un questionnement sur l’altérité.

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Allons enfants de la Guyane - Secrets d'info (France Inter)

Pendant des décennies, en Guyane, et jusqu’à aujourd’hui encore, des milliers d’enfants issus des différentes communautés autochtones ont grandi dans des pensionnats catholiques. La journaliste Hélène Ferrarini a enquêté sur cette politique d’assimilation forcée menée par le clergé catholique.

L'invitée : Hélène Ferrarini, journaliste et autrice du livre-enquête Allons enfants de la Guyane. Éduquer, évangéliser, coloniser les Amérindiens dans la République

Sélection prix Albert Londres 2023

Allons enfants de la Guyane

Les “homes indiens” existent en Guyane depuis plusieurs décennies. Ce sont des pensionnats catholiques gérés par des prêtres et des sœurs qui appartiennent à différentes congrégations. Ces internats, qui ont pour objectif de scolariser, assimiler et évangéliser les enfants amérindiens et noir-marron, sont financés par de l’argent public, explique la journaliste Hélène Ferrarini dans son livre Allons enfants de la Guyane (Éd. Anacharsis). Car en Guyane, la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État n’est toujours pas appliquée à ce jour, “aujourd'hui, quelques prêtres catholiques sont toujours rémunérés par la collectivité territoriale de Guyane”.

Les religieux se rendent auprès des familles autochtones pour les convaincre de leur confier leurs enfants. Après la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’administration préfectorale finance encore les “homes”, "les gendarmes peuvent prêter main forte aux religieux quand il s'agit de convaincre des familles récalcitrantes”, précise Hélène Ferrarini. Il arrive aussi que des religieux utilisent les soins médicaux pour gagner la confiance de certaines familles. “Il faut inscrire ça dans un contexte plus large. Les communautés amérindiennes, lorsque les pensionnats se mettent en place, sont très fragilisées. Elles sont peu nombreuses et aussi sujettes à toutes sortes de maladies.” Selon Hélène Ferrarini, environ 2 000 enfants seraient ainsi passés par ces homes indiens.

Une fois dans les pensionnats, on leur interdit tout ce qui les rattache à leur culture, comme leur langue natale ou leur vêtement traditionnel. Filles et garçons doivent s’habiller à l'européenne et s’adapter à un nouveau régime alimentaire. “Plongés dans un contexte de violence qui est celui de la vie dans les internats, où ils sont mis sous pression et en perte de repères, des enfants qui ne sont pas violents à la base le deviennent”, poursuit la journaliste.

Des dissensions apparaissent au sein du clergé dans les années 70. Puis les mouvements autochtones dénoncent l’assimilation autoritaire qui est conduite par le biais des homes indiens. Peu à peu, les pensionnats du littoral ferment. Celui de Maripasoula cessera ses activités en 2012, mais celui de Saint-Georges-de-l'Oyapock est encore ouvert aujourd’hui. Lorsqu'il sera fermé, “la question du déracinement des enfants qui poursuivent leur scolarité et vivent à deux jours de pirogue de leur famille, dans un contexte culturel extrêmement différent de celui du village dans lequel ils ont grandi se posera toujours”, relève cependant Hélène Ferrarini.

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Famagouste : Le goût des sources médiévales

Avec Frantz Olivié, éditeur chez Anacharsis, Claire Judde de Larivière, maître de conférences à l'université Jean Jaurès, Patrick Boucheron, professeur au Collège de France, et Emmanuel Laurentin, animateur du Temps du débat sur France Culture. Rencontre enregistrée aux Rendez-vous de l'histoire de Blois.

« Famagouste est sur le bord de la mer… Je ne dis rien des épices, on en voit partout, comme le pain chez nous. Je n’ose parler des pierres précieuses, des étoffes d’or et des autres richesses, on ne me croirait pas. »
Telle est Famagouste quand Ludolph de Sudheim la visite au XIVe siècle, riche, secrète, multiple.
Tels sont les écrits que les historiens et les historiennes croisent parfois au détour d’un rayonnage d’archives qu’on ennoblit du nom de sources.
Tels sont les textes que publie Anacharsis depuis 20 ans dans la collection Famagouste, avec l’aide d’historiens et d’historiennes attentifs aux dimensions littéraires de leurs matériaux.
Pour aborder l’Histoire par les sources, portés par le plaisir pur de la lecture, en gardant en bouche la saveur d’un nom qui évoque un crustacé : Famagouste !
Chronique, Cola di Rienzo Rêver de soi Les vêpres siciliennes Naufragés Dans l'empire mongol

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L’Enfer de la flibuste / Histoire du sieur de Montauban - Le Cours de l'histoire (France Culture)

De Barbe Noire à Barberousse, en passant par Jack Sparrow, le capitaine Crochet ou Rackham le Rouge, les pirates, corsaires et flibustiers sont devenus des mythes de la culture populaire. Mais qui sont-ils véritablement ?
Avec
Maxime Martignon - Docteur en histoire moderne, spécialiste des pratiques d'écritures au XVIIe siècle, préfacier de l'Histoire du sieur de Montauban
Frantz Olivié - Historien et éditeur, cofondateur des éditions Anacharsis, auteur de L'Enfer de la flibuste
Valérie Hannin - Directrice de la rédaction du magazine L'Histoire

L'Enfer de la flibuste
Histoire du sieur de Montauban

Une étude du vocabulaire de la piraterie s’impose pour commencer, car les corsaires, les pirates et les flibustiers ne sont pas exactement faits du même bois. Si les uns, les corsaires, sont légalement investis par les États pour dépouiller des navires ennemis, les autres, les pirates, sont de véritables bandits des mers. Quant aux flibustiers, ils se situent quelque part entre corsaires et pirates : ils travaillent tantôt dans la légalité, en temps de guerre, tantôt dans l’illégalité, en temps de paix.

La flibuste apparaît au début du XVIIe siècle et prend fin avec la paix d’Utrecht de 1713. Elle concerne essentiellement les Caraïbes, les Antilles, mais aussi, de manière plus marginale, la mer du Sud, c’est-à-dire l’actuel océan Pacifique. La flibuste est un phénomène politique, et même géopolitique, qui met en jeu les rapports de pouvoir des États présents dans la zone caraïbe, et les liens coloniaux qu’ils entretiennent avec des territoires fraîchement accostés et conquis, aux marges de leurs empires. C’est aussi un phénomène social et économique, car les flibustiers ont une organisation bien particulière, des équipages très hiérarchisés, où règne une certaine égalité, qui a souvent été louée, en particulier dans le processus de prise de décision à bord et dans le partage des butins. La flibuste attire des renégats de toutes sortes, engagés perdus ou en fuite, marins déserteurs, petits colons et planteurs… "Le sieur de Montauban est un flibustier de la deuxième moitié du règne de Louis XIV. Il a vraisemblablement beaucoup vagabondé autour de l'Atlantique et s'est mis dans le circuit de la traite négrière. Est-ce qu'il négocie directement ? Ce n'est pas sûr. Son livre raconte l'histoire d'un flibustier qui se met au large du golfe de Guinée et qui essaye d'arraisonner des vaisseaux négriers pour en prendre le contrôle, prendre leur 'cargaison' et ensuite aller revendre cette 'cargaison' dans les Antilles.", rapporte Maxime Martignon, historien spécialiste des pratiques d'écritures au XVIIe siècle.

Certains historiens ont pu proposer une lecture politique de la flibuste, qui fait des flibustiers des agents de contestation de l’ordre établi. Un véritable mythe de la république pirate, égalitaire et démocratique, a pris corps au fil des siècles. Une république des Corsaires a bien existé entre 1706 et 1718 à Nassau, mais Libertalia, l’utopie pirate de Madagascar, est en revanche probablement une invention de l’écrivain Daniel Defoe, à qui on prête un récit anonyme paru en 1724, l’Histoire générale des plus fameux pirates, parfois aussi attribuée au capitaine Charles Johnson. "Toute une mythologie s'est construite sur ce qu'on appelle les exploits des flibustiers : des gens très peu nombreux, jeunes, qui ont une vie très courte, vivent dans un danger extrême et s'en vont à l'aventure piller sur les mers. Ce sont des personnes qui ont défrayé la chronique au sens où, dans les Caraïbes, ils sont parvenus à terroriser l'entièreté de l'empire espagnol de l'Amérique.", explique Frantz Olivié, éditeur et cofondateur des éditions Anacharsis, qui fait paraître L’Enfer de la flibuste. Pirates français dans la mer du Sud,

Alors, comment expliquer et analyser la présence de pirates au XVIIe siècle dans les Caraïbes ? Les témoignages des principaux intéressés sont des documents précieux pour éclairer le quotidien des flibustiers et leurs motivations. Il existe de nombreuses informations dans le Voyage du sieur de Montauban Capitaine des flibustiers En Guinée, en l’Année 1695 Avec une Description du royaume du Cap de Lopez, des mœurs, des coutumes, & de la Religion du Pays, paru en 1697 à Bordeaux, dans les Histoires d’aventuriers qui se sont signalés dans les Indes (1678) d’Alexandre-Olivier Exquemelin, ou encore dans les textes d’Étienne Massertie récemment édités par Frantz Olivié aux éditions Anacharsis. Ces témoignages sont néanmoins à prendre avec des pincettes… Car les flibustiers ne sont pas avares d’hyperboles, aiment à enjoliver leurs récits et à donner de leurs aventures sur mer une vision absolument rocambolesque !

Bibliographie

L’Enfer de la flibuste. Pirates français dans la mer du Sud (édité par Frantz Olivié et Raynald Laprise, Anacharsis, 2021)

  • Histoire du sieur de Montauban, capitaine flibustier : course, traite et littérature* (édité par Maxime Martignon, Anacharsis, 2021)
  • Les Atrocités des pirates. Récit véridique des souffrances sans exemple endurées par l'auteur pendant sa captivité parmi les pirates de l'île de Cuba, avec l'exposé des outrances barbares de ces forbans inhumains d'Aaron Smith* (1824) (traduit de l'anglais par Frantz Olivié et Laura Brignon, Anacharsis, 2018)
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Une chasse au pouvoir - L'incendie est-il social dans les Landes girondines ? (La clé des ondes)

"Mais qui a mis le feu?" Plutôt que de chercher à faire le portrait psychologique d’une personne qui serait mentalement dérangée, on revient avec Marie Desmartis sur son enquête intitulée Une chasse au pouvoir. Chronique politique d’un village de France où des incendies ont lieu.
Cette étude se passe entre Landiras et Origne en Gironde, plus précisément dans un village nommé Olignac pour l’occasion de la recherche afin de préserver l’anonymat des personnes qui se sont confiées à l'anthropologue.

Émission Le plat de résistance de la radio La Clé des ondes.
Entretien avec Rémi Philton.

Une chasse au pouvoir
Au cœur d’un village landais, une enquête sur la fabrique du politique, dans ses dimensions minuscules et essentielles, ses pratiques et ses effets, son histoire et ses violences.

Olignac est un petit village français des Landes de Gascogne. Au début des années 2000, les élections municipales plongent la commune dans une atmosphère délétère. Incendies nocturnes, chiens abattus, sourdes menaces. Le « clan des chasseurs », jusqu’alors dominant, vient de perdre le poste de maire et cherche à faire démissionner Mme Fortier, la nouvelle et vertueuse élue…
Marie Desmartis conduit son enquête au cœur de la municipalité en crise. Par une minutieuse description des rapports quotidiens de pouvoir, elle démonte pas à pas ce climat d’affrontement. Rumeurs, peurs et violences, s’emparent du village et de l’ethnographe elle-même.
À l’opposé d’une science politique glacée, Marie Desmartis procède à l’exégèse interne, à chaud, des luttes de pouvoir. La proximité aux acteurs et à leur histoire révèle, dans ce livre percutant, les ancrages, les variations et les excès des pratiques politiques de notre pays.

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Un dieu peut en cacher un autre - Table ronde avec Corinne Bonnet, Thomas Galoppin, Adeline Grand-Clément (L'histoire à venir)

Faux-semblants, facéties, métamorphoses, noms et images en pagaille : faut-il prendre les dieux antiques au sérieux ? Comment s’y retrouver dans les cinquante mille nuances de dieux ? Embarquons-nous pour un périple méditerranéen sur les traces de vrais faux dieux et de faux vrais dieux avec l’intention d’aiguiser notre regard sur ces figures en trompe-l’œil, si familières et si étranges, qui donnent à réfléchir sur le présent, sur les stratégies de construction du vrai, du vraisemblable et de la fiction.

Table ronde du festival L'histoire à venir animée par Charles-Henri Lavielle

Noms de dieux
Noms de dieux. Portraits de divinités antiques
Sous la direction de Corinne Bonnet. Avec Ginevra Benedetti, Maria Bianco, Laurent Bricault, Pierre Brulé, Marinella Ceravolo, Thomas Galoppin, Adeline Grand-Clément, Élodie Guillon, Aleksandra Kubiak-Schneider, Sylvain Lebreton et Fabio Porzia.

Qu’y a-t-il dans le nom d’un dieu ? « Zeus tonnant », « Lune aux trois visages », « Baal de la Force » ou l’énigmatique « YHWH » recèlent dans leur simple énoncé le surgissement d’une forme, l’éveil d’une puissance surhumaine.
De la Grèce à Palmyre, Tyr ou Babylone, les appellations des dieux manifestent leurs domaines de compétence et leurs capacités d’action aussi bien que les usages qu’on en fait dans les sociétés polythéistes.
À travers l’étude de ces noms, les douze chapitres de cet ouvrage déploient ainsi une galerie de portraits de divinités qui nous convie à la découverte des aspects changeants du divin sur tout le pourtour de la Méditerranée antique.